Avec
Mario Banushi, Babis Galiatsatos, Alexandra Hasani, Erifyli Kitzoglou, Katerina Kristo, Helene Habia Nzanga, Eftychia Stefanou, Chryssi Vidalaki
Autour d’un corps inanimé, une famille se réunit et commémore en silence la disparition d’un être cher. Dans le creux de cette intimité affectée par le deuil, de mystérieuses figures refont surface : l’espace domestique devient alors le lieu d’une étrange liturgie, une cérémonie où les gestes du quotidien sont soudain empreints de sacralité. En peintre, Banushi égrène sur la scène un chapelet de visions, influencées autant par l’imagerie des anciens rituels balkaniques que par l’iconographie chrétienne. Méditation sur la mort autant que sur la vie, Goodbye Lindita déploie un théâtre d’images, où la contemplation tient lieu de recueillement.
Générique
mise en scène, dramaturgie
Mario Banushi
scénographie, costumes
Sotiris Melanos
lumière
Tasos Palaioroutas
dramaturge associée
Sofia Eftychiadou
dramaturgie (National Theatre)
Aspasia-Maria Alexiou
assistanat à la mise en scène
Afroditi Kapokaki, Theodora Patiti
musique
Emmanuel Rovithis
relations internationales
Nikos Mavrakis
Goodbye Lindita a été commandé et produit par le Théâtre National de Grèce pour la saison 22/23.
créé le 29 mars 2023 sur la scène expérimentale du Emerging Artists — Rex Theatre — « Katina Paxinou »
production déléguée
TooFarEast
cinq dates
3 octobre 2021 Ce fut, même si je ne le savais pas encore, le début d’une transformation profonde.
Ce jour-là, j’ai compris pour la première fois ce que signifiait perdre un être cher. Le jour où j’ai appris que ma belle-mère, Lindita, était décédée. J’ai senti, à ce moment-là, quelque chose grandir trop vite en moi. J’ai compris que rien n’est immuable. Rien n’est garanti. Quelques jours plus tard, mon père est mort. Ces deux pertes sont à l’origine de Goodbye Lindita, ma première création dramatique. Une pièce très personnelle qui m’a permis, dans une certaine mesure, de faire mon deuil sans être complètement seul. De pleurer aux côtés de mes collaborateurs. Et avec toutes les personnes qui ont vu et verront ce spectacle.
16 mai 2022 Du 1er au 15 mai, j’ai présenté ma première mise en scène (Ragada) à Athènes, dans une maison que nous avons transformée en scène de spectacle pour l’occasion, car aucun théâtre ou espace de jeu ne voulait me faire confiance, répondant toujours à ma proposition de jouer dans leur salle que je manquais d’expérience et que c’était risqué de me programmer sans que mon travail ait été présenté auparavant. Ainsi, après beaucoup d’efforts et d’épuisement, le jour est enfin venu de jouer Ragada dans cet appartement. Le 15 mai, dernier jour des représentations, on reçoit un coup de téléphone : on nous demande s’il reste une place pour voir le spectacle. On répond qu’on est complet. Un peu plus tard, on apprend que l’appel provenait du directeur du Théâtre National de Grèce. On le rappelle immédiatement et on lui dit qu’on va lui trouver une place… Le lendemain, le 16 mai, après avoir vu le spectacle la veille, je reçois un appel du Théâtre National me proposant de mettre en scène une pièce. Je n’oublierai jamais ce sentiment de joie pure et de victoire, après tant de refus, de personnes qui « craignaient » de prendre des risques. Tout à coup, le Théâtre National de votre pays vous appelle pour vous demander de mettre en scène une pièce. Après cet appel, j’ai pris une photo de moi en pleurs, pour ne jamais oublier ce que j’ai ressenti à ce moment-là.
Décembre 2003 C’est sans aucun doute l’un des moments les plus importants de ma vie, car c’est le moment où ma mère m’a ramené en Grèce depuis l’Albanie, où j’avais été élevé par ma grand-mère. Je me souviens encore de cette journée dans les moindres détails, le moment où on est venu me chercher chez ma grand-mère, et j’ai fait semblant de dormir alors que j’étais éveillé, parce que je ne supportais pas l’idée d’être séparé de celle que j’appelais « maman »… ma mère qui me portait et moi qui me demandais : « Où allons-nous ? » Et le moment où on est arrivé à Athènes, entièrement décorée pour Noël… toutes ces lumières qui me faisaient peur, je n’avais jamais rien vu d’aussi grand. Je regardais la ville depuis le taxi, et je n’oublierai jamais cette impression, cette impression de « Où suis-je ? ». L’impression que cette ville allait m’engloutir. Au fil des années, je suis tombé amoureux de cette ville et je n’ai plus jamais eu peur qu’elle m’engloutisse, mais à chaque fois que je retournais en Albanie l’été, j’éprouvais un sentiment profond d’amour et de soulagement.
Septembre 2006 Albanie, été, juillet J’étais devant la taverne de mon père, le soir, les enfants jouaient dans la rue et j’étais fasciné par une lampe, une de celles qui décoraient la taverne. Cette lampe qui me fascinait n’avait pas de globe protecteur, je m’en suis approché lentement, et je l’ai touchée. C’est alors que j’ai senti un courant électrique traverser tout mon corps… Je ne m’étendrai pas sur les détails qui ont suivi, car ils sont glaçants et violents. Cette même nuit, on m’a renvoyé en Grèce par avion, car ma vie était en danger. J’ai passé plusieurs mois à l’hôpital, où j’ai subi diverses opérations, etc. Je n’oublierai jamais le jour où je suis sorti de l’hôpital après trois mois et où j’ai vu le soleil. Je me suis dit : « Que la vie est belle ». Je n’ai pas choisi septembre par hasard, même si l’évènement traumatisant cette année-là s’est produit en juillet. Je l’ai choisi parce que ce qui a finalement triomphé, c’est le sentiment que « la vie est belle. »
5 octobre 2023 Belgrade, Festival Bitef C’était la première fois que je présentais mon travail à l’étranger. Je me souviens être assis dans le public, le regardant entrer et remplir la salle, s’asseyant même sur les marches. Je me suis dit : « Nous avons réussi », et j’ai ressenti de la gratitude et du bonheur, moi qui n’avais jamais voyagé de ma vie, me retrouvant soudainement hors de Grèce, et pas en vacances…, mais pour montrer mon travail. Qu’y a-t-il de plus beau et de plus émouvant que cela ? Je n’oublierai jamais ce tournant dans ma carrière, lorsque le public, durant les dix dernières minutes du spectacle, s’est levé comme pour signifier à quel point il aimait ce qu’il regardait, et moi qui me trouvais parmi les spectateurs, les larmes aux yeux, rempli de cette sensation de beauté. Ensuite, même si j’ai ma propre théorie sur les récompenses, j’ai été très ému de recevoir les deux prix qui m’ont été décernés à l’issue de ce festival. Sentir la reconnaissance lors d’une première étape importante est quelque chose de très beau, c’est une bonne motivation pour continuer !
Infos pratiques
durée 1 heure
ouverture des ventes hors abonnement : mardi 17 février
Autour du spectacle
Figure montante du théâtre européen, Mario Banushi invente un langage scénique sans paroles qui tient par la seule force de ses visions. Nourris par les souvenirs de son enfance, partagée entre l’Albanie et la Grèce, Goodbye Lindita et Mami naissent d’expériences personnelles, peu à peu transfigurées en un théâtre allégorique, et rendent tous deux hommage aux figures tutélaires qui ont accompagnées le metteur en scène.